Ce soir, parlons bien, parlons bouquins, puisque j'ai profité des vacances et des heures de voiture pour lire...
Je ne vous parlerai pas beaucoup des Trois Jours chez ma mère de Weyergans, parce que, tout comme l'anonyme qui avait laissé un commentaire il y a peu sur je ne sais plus quel article, je n'ai pas aimé. Mais alors pas du tout. Je dirais même que c'était nul. Et je dirais même plus que c'était complètement à chier.
Bon, on a compris, ça m'a pas plu ! Pourquoi ? Parce que le narrateur, sous lequel ne transpire que trop l'auteur, se la pète incommensurablement, raconte tous les bouquins que tant d'éditeurs attendent de lui et qu'il ne prendra jamais la peine d'écrire, se vante de tous ses exploits sexuels aux quatre coins de la terre, relègue sa mère au fin fond des oubliettes, et passe son temps à faire du blabla auto-centré, à en croire qu'il en oublie ses potentiels lecteurs. Ok, le phénomène d'histoire dans l'histoire dans l'histoire (purée j'ai déjà oublié le nom de cette figure de style – bravo la lycéenne littéraire, esprit de monsieur Lambert, es-tu là ?!!!) n'est pas mal, mais de là à lui valoir le Goncourt 2005, sérieusement, je ne comprends pas.
Bref, parlons plutôt de Nicolas Fargue et de J'étais derrière toi. Ce livre se lit vite, normal puisqu'il est fait pour. C'est un discours direct, un immersion dans un monologue d'un homme qui s'adresse à celui qu'on devine être un ami, le monologue d'un mari cocufieur et cocufié qui raconte, qui explique, qui détaille, le pourquoi du comment, sa souffrance, ses sentiments, qui nous rappelle, simplement, que rien n'est jamais simple, et que les histoires d'amour ne se résument pas, parce qu'elles seront toujours trop personnelles, trop complexes, trop tout, pour que n'importe qui d'autre que leurs protagonistes ne les comprennent un tant soit peu.
J'aime le ton direct, les mots qui ne se cachent pas, la vérité qui fait mal, mais la vérité qu'on comprend, j'aime le manque d'aération, oui l'oppression tout au long du texte, l'habileté à faire corps avec le narrateur, ses sentiments, à comprendre finalement pourquoi il reste avec cette femme qui ne l'aime pas, pourquoi ils réessayent une, deux, trois fois, pourquoi il tente d'y croire, et pourquoi, au fond, ça ne marchera pas...
« Mais je tiens bon. Pendant deux jours. Pendant deux jours, je rentre à midi et le soir à la maison en essayant de ne plus penser à Alice, j'essaye comme un forcené de me persuader que j'ai fait le bon choix et que je n'ai désormais plus à m'en faire parce que je suis libéré de mes gros soucis et que tout reprendra comme avant, ma femme et mes enfants, papa et mari irréprochable, de retourner pour de bon au bercail avec une belle histoire à garder pour moi tout seul et Alexandrine, heureusement, qui ne s'est doutée de rien pendant tout ce temps, Dieu comme le monde est bien fait. Mais une fois tout seul dans ma voiture ou dans mon bureau, je ne peux pas m'empêcher d'imaginer le dépit d'Alice, là-bas, en Italie, et son sourire et la lumière de Romanze qui ne seront plus dans ma mémoire qu'un souvenir évanescent. Pensant à tort que ça fera un peu mois mal, je décide de garder dans mon portefeuille le bristol du restaurant, et dans mon ordinateur les photos et toutes les lettres. Tant qu'Alexandrine ne sait pas, je ne fais de mal à personne. Et puis, on a bien le droit d'avoir ses secrets, non ? J'existe aussi pour moi-même, non ? »
« Je suis peut-être naïf, je suis peut-être trop émotif, ou, tout simplement, je n'ai pas assez d'expérience pour en parler, mais j'ai du mal à imaginer qu'on puisse faire l'amour avec quelqu'un, même d'inconnu, même une unique nuit, sans qu'un lien fort en résulte. Deux corps qui se sont pénétrés, deux peaux qui se sont frottées l'une contre l'autre, deux salives qui se sont échangées se doivent des comptes, on ne peut pas s'en tirer comme ça, même si chez la plupart des gens, de fait, je sais que ça n'engage à rien. Je n'arrive pas à comprendre qu'on puisse rester indifférent à quelqu'un avec qui on a couché. Pas toi ? »
2 commentaires:
une bien bonne idée que cette rubrique littéraire
et puis Gainsbourg...
plein de bonnes résolutions on dirait pour 2008!
ben valentinoes, c'est pas la première fois ;) bien rentré de lisbonne ?
et sinon, tu m'étonnes, tu n'as pas donné le nom de la figure de style, moi qui comptait sur toi... ... pour me rappeler qu'il s'agit de la MISE EN ABYME :)
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