Ahhhh, les vendanges avec Valentinoes... petit topo.
Dans les vignes, t'es soit coupeur, soit jarlot. Le coupeur, c'est le galérien qui se pète le dos dans les ceps de 15 centimètres de haut à arracher des raisins avec sa foutue serpette, raisins qui, souvent, abondent en pourriture, araignées, and co. Le Jarlot, c'est le Mr Muscle qui fait des aller-retours avec des sceaux vides / des sceaux pleins, qui remonte les bennes sur le camion, et qui, en cas d'extrême détresse, t'apporte un verre d'eau.
Bon, mes 1m60 et moi, évidemment, on s'est retrouvés coupeurs. J'ai donc connu les joies de l'accroupissage dans la boue, du penchage au travers des fils de fer, et du 1000miligrammage de doliprane deux fois par jour - anesthésie garantie contre le mal de dos.
Le premier jour, il faisait beau, même un peu trop. L'après-midi en plein cagnard, pour finir les horaires (7h-11h30, 13h-17h30), c'était pas évident, et sans les quelques saisonniers du troisième âge (Gérard, « que la force de Gérard soit avec nouuus », Renée « vous êtes notre mamie !!! » and co.), on aurait eu du mal à finir cette dernière rangée.
Le deuxième jour, temps parfait... Frais, nuages, que demander de plus ?! Le troisième jour, début dans la bruine, on ne s'en plaignait pas, mais après-midi sous une pluie diluvienne, et quand les éclairs ont commencé à tomber, on a finalement dû s'arrêter... Eh ouais. Vingt personnes debout au milieu des ceps avec des serpettes en fer, c'est pas le plus recommandé sous l'orage. Puis jeudi, gadoue gadoue gadoue, mes pantalons y sont definitivement restés, déjà que les tâches de raisin les avaient bien décorés...
Oui, c'était physique. Oui, j'ai encore des cales sur les doigts. Oui, j'ai décidé que je ne me pencherai plus d'ici à un bout de temps... Mais les souvenirs qui me restent sont tout aussi géniaux que ces quelques éléments sont désagréables.
Franchement, quoi de plus drôle que de voir des parfaits petits bourges made in le lycée montaigne trimer dans les champ de raisin ? Quoi de plus drôle de nous voir tous ensemble au milieu des saisonniers îvres morts, le soir, au bar du village ? Quoi de plus drôle que de voir nos mines déconfites à 6h du matin, devant le café noir, et celles réjouies devant les rillettes de 10h du matin ? Quoi de plus drôle que de chanter et d'entendre chanter, à tour de rôle, Barbara, Willy Denzey, Telephone, Reggiani et Mc Solaar (ou un truc du genre), pour essayer vaguement de penser à autre chose qu'aux énormes araignées ?
Il restera, comme toujours, des phrases mythiques (« tu sais, dans la vie, ya des hauts, des bas, mais on s'en sort toujours à la fin »), des histoires cachées (quoiiii, ils ont couché ensemble ??? mais pourquoi j'étais pas au courant ??!), le tout ponctué de repas très bons (vivent les pâtes à tarte faites maison) arrosés de brouilly (moi ? éméchée ? Il m'en faut si peu...), et de ces irremplaçables « ennnnnnfiiiiiiiin... ».
Et puis après l'effort...
... le réconfort.
1 commentaire:
Gérard est en haut et veille sur nous pauvres mortels incapables d'abattre une benne de grappes en 10 minutes comme lui.
Il faut chercher Gérard dans nos vies, ses moustaches balayent le monde
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