samedi 26 juillet 2008

Les hommes cruels ne courent pas les rues


Le titre est surprenant. Surprenant mais facile, prévisible, assez prévisible pour que je l'achète sans même trop l'avoir feuilleté aux soldes chez Gibert. Eh, une petite mièvrerie de lecture facile pour l'été, et à 50 cents qui plus est, pourquoi dire non ?


Et voilà que j'ai adoré ce livre. Je l'ai dévoré. Le matin au petit déjeuner, dans le bus en allant au boulot, en revenant, avant de me coucher au lieu de zoner sur facebook ...


Il commence sur une citation de Louise Brooks


« Je n'ai jamais aimé que les hommes cruels. Les hommes gentils, c'est triste, mais on ne les aime pas. On les aime beaucoup mais sans plus. Vous connaissez une femme qui a perdu la tête pour un gentil garçon ? Moi non. »

(...) Hélas ! Les hommes cruels ne courent pas les rues.


C'est une histoire à deux voix, par chapitres alternatifs. D'un côté l'histoire de l'amour affectif d'une fille envers son père, depuis son plus tendre âge jusqu'au décès de celui-ci, malgré les excès, malgré les tromperies, malgré les absences. De l'autre, l'histoire de cette même fille, qui se réfugie à New York pour soigner ses déséquilibres sentimentaux, et recommencer à écrire.


_ T'es une drôle de fille, tu sais.

Il me regarde comme s'il n'était pas en service commandé. Je ne veux pas savoir ce qu'il entend par drôle de fille. Je retiens ce qui m'arrange : je suis spéciale. Je croise les jambes sous ma table et ramène mes savates. J'ai envie de tout lui dire alors. Parce que c'est important et qu'il ne s'en doute pas. Il croit que c'est une soirée comme les autres. Mais il ne sait pas. Je voudrais arrêter d'être en colère, tout le temps. C'est fatiguant. Poser les armes et lui raconter. Que je sais que Bonnie a tout manigancé et que ça me rebute. Que, la première fois que je l'ai vu, j'ai voulu le revoir d'urgence. Que j'aime ses poignets, ses coudes, son sourire, et que je m'en fiche pas mal que tout ça soit américain. Que si je vilipende l'Amérique d'aujourd'hui, c'est que je l'ai trop aimée avant. Que j'aime quand il me regarde avec des yeux qui m'écoutent.

Qui me disent que je suis unique.

Unique.



J'aime comment sont si bien décrites la société New Yorkaise, New York, ses rues, ses restaurants, son ambiance ...


Pourquoi est-ce que je n'ai jamais, jamais remarqué le vrai sourire de Bonnie Mailer ?

Pourquoi ?

Pourquoi j'ai pas compris que la moquette blanche et l'adresse qui pose c'est sa manière à elle de s'en sortir. Qu'elle est venue à New York pour se tailler une place au soleil et qu'elle est obligée de faire comme les autres : de s'or-ga-ni-ser. Blondir, bondir, maigrir, porter un morceau de vison, avoir plusieurs amants, un compte en banque bien rempli et le teint frais le matin au bureau. Epouser un type riche, s'éclaircir les cheveux comme Brooke Shields. Alors seulement elle peut souffler et se dire : « j'ai tout bon : les cheveux, le sourire, la moquette, l'adresse, le compte en banque, les amants, les yaourts maigres, je suis une vraie New-Yorkaise. » Mais, si elle a le malheur de laisser pousser ses racines, de prendre des kilos de plaisir, de baiser toute la nuit à en perdre le souffle et d'être flapie le matin au conseil d'administration des boulettes Kriskies, on ne la loupe pas. Y en a une autre derrière la porte, avec la jupe gabardine, la taille bouteille de lait, le brushing cartonné, les escarpins vernis et le jabot en noeud-noeud, toute prête à s'asseoir sur le fond encore chaud de sa chaise.



... Et bien sûr comment les sentiments, les sensations, les difficultés des relations sont exprimées ...


Les gens qui réussissent à s'aimer du premier coup, je me demande comment ils font.

A mon avis, ça doit être bidon.

C'est vraiment dur de se comprendre, de s'ajuster, au début. Chacun plaque sur l'autre son petit rêve misérable de bonheur en espérant que le miracle va prendre. Que les deux rêves ne feront plus qu'un. Ainsi surgissent les malentendus. On prend un mot pour un autre, un baiser pour un autre, un silence pour une communion. Charlatanisme de contes de fées ! Il n'y a rien de plus dur que les débuts : deux silences qui s'accordent, deux baisers qui veulent dire la même chose ou même deux soupirs à l'unisson. En fait, tout ça part dans toutes les directions mais on se persuade du contraire. On croit qu'on se promène la main dans la main quand on tire à hue et à dia chacun de son côté. Quand, moi, je croyais vivre le début d'une grande aventure, Allan, lui, se voyait pris dans le pétrin d'une relation pour la vie. Quand il m'embrassait dans la Cadillac, il se payait un bon moment sur fond de musique country alors que moi je dessinais des arbres généalogiques, fondais une dynastie à partir de nos deux prénoms enlacés, choisissais ma résidence principale et les prénoms de nos bébés.




"The difficult I do it right now, the impossible will take a little while."

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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